LA PRÉCIEUSE. tendre le bon plaisir du temps et des circonstances. Avouez cependant que vous avez là une gratitude qui n’est guère pressée de s’acquitter. Vous me jugez sévèrement, mon père. Faites qu’une occasion se présente où je sois en état de montrer à mon cousin qu’elle mémoire je garde de son dévouement, et vous verrez si je suis ingrate. Qu’est-il en mon pouvoir de faire à présent ? Suisje rien ? ai-je rien ? Voilà, tenez, tout ce que je puis. Quand je le verrai triste, je l’appellerai près de mon piano et je lui jouerai les airs qu’il aime ; je lui chanterai des folies qui ramèneront la joie sur son front et dans son âme. Alors il ne sourira pas sans que mon sourire aille au-devant du sien. Nous nous réjouirons ensemble. S’il a de la colère contre quelque chose ou contre quelqu’un, je me fàcherai comme lui. S’il est malheureux, je serai malheureuse, et
heureuse s’il est heureux. S’il est malade je le soignerai comme je vous soignerais vousmême. Mettez-le dehors ainsi que vous l’en avez un jour menacé, vous aurez beau dire, je lui rouvrirai votre porte ! Et, sérieusement, s’il nous quittait et s’il venait à manquer, hélas ! ce ne sera pas ma pauvre bourse qui serait capable de venir à son secours, mais je vous supplierais tant, mon cher papa, que vous paieriez pour moi et ne le laisseriez pas sans ressource.
A la bonne heure, voilà qui est bien. C’est —
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