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LA PRÉCIEUSE.

! LA PRÉCIEUSE.

85 n’ai-je pris le temps d’écrire toutes les strophes fiévreuses que pendant mon insomnie m’a dictées mou exaltation ! C’était à vous qu’elles s’adressaient, miss Forster ! Elles racontaient votre péril ! elles disaient les transes inouïes qu’il m’avait fait éprouver ! Oui, que ne les ai-je écrits ces vers qui se sont effacés de mon souvenir ! Peut-être eussent-ils trouvé grâce à vos yeux, car la vraie muse me les avait soufflés à l’oreille ; — la vraie muse, le profond sentiment, ajouta-t-il plus bas avec un soupir affecté.. —

– Pardonnez-moi l’indiscrétion de ma curiosité, monsieur Fitz-Gérald, dit là-dessus froidement Mortimer ; vous nous avez annoncé tout à l’heure que vous aviez rêvé toute la nuit, et à présent il appert que vous n’avez pas fermé l’œil ? A cette cruelle question, qui fit grimacer singulièrement la mélancolique physionomie de Fitz-Gérald, Jenny, malgré qu’elle en eût, ne put s’empècher de sourire. Toutefois le poëte ne daigna pas répondre, et il se renversa sur sa chaise d’un air désespéré, qui le tira d’affaire auprès de nos sensibles bas-bleus. Ce fut d’ailleurs miss Appleby qui se chargea de fermer la bouche à l’impertinent interrogateur en déclarant, en forme d’axiome, qu’une âme poétique n’avait pas besoin d’avoir l’œil clos pour rêver.

Nos visiteurs étaient fort en train de discourir,. mais il leur fallut se séparer sur ce dernier apho-