Page:Desbordes-Valmore - Le Salon de lady Betty.djvu/320

Cette page n’a pas encore été corrigée
80
LA PRÉCIEUSE.

LA PRÉCIEUSE. · N’était-ce pas une honte, criait-il, qu’en un pays civilisé, des bêtes dangereuses comme des bœufs, de véritables bêtes féroces, — il appuyait sur ce mot féroces, fussent conduites à la boucherie en plein jour, sans les moindres précautions de prudence ? De quoi s’occuperaient donc les corporations municipales, si ce n’était avant tout de la sûreté de l’existence des personnes ? A quoi bon tant de réglements minutieux et vexatoires qui n’aboutissaient qu’à gèner les innocentes réjouissances du peuple les dimanches ? Quelle si grande nécessité y avait-il d’interdire les danses hors de la ville et de fermer si rigoureusement les tavernes durant l’office ? Ne valait-il pas mille fois mieux employer cette police paroissiale et ces constables, qu’on payait si cher, à protéger les contribuables contres les soldats ivres et les taureaux en colère ? —

M. Forster, qui était en verve, en eût dit long sur ces chapitres, si M. Belfield, las de l’écouter, ne l’eût pris par le bras et ne lui eût fait observer qu’il avait là deux malades que leurs lits réclamaient ; sur quoi chacun se retira. Mortimer, quoique très-faible, voulut pourtant se lever le lendemain. Il descendit au parloir vers l’heure du Punch, et y trouva Jenny. Elle était encore toute languissante de son saisissement de la veille. Toutefois elle venait de commencer une petite bourse de filet qu’elle promettait à sem