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LA PRÉCIEUSE.

LA PRÉCIEUSE. sible que quelqu’un n’y complimentât pas ce Byron d’Édimbourg d’enfourcher son Pégase plus cavaliè rement que son Rossinante. Le cortége était fermé par un petit groupe de piétons, en tête duquel marchait le péripatéticien Puddingham, qui s’en allait herborisant et philosophant tout le long du chemin, et expliquant aux jeunes bas-bleus qui l’escortaient les amours et les mariages des fleurs.

Toute l’intéressante caravane s’était avancée sans encombre jusqu’à l’auberge du Cygne-Blanc. Le temps était magnifique, et l’allégresse générale. La cavalerie formait l’avant-garde, éclairant le corps d’armée. Fitz-Gérald, qui à force d’aller et de rester en selle avait enfin repris quelque confiance, se risquait à chevaucher timidement à la gauche de Jenny, laquelle n’avait pas cessé d’avoir à sa droite Mortitimer. La conversation n’était point fort animée entre les trois jeunes gens : on admirait çà et là au passage un site, un vieil arbre, un effet d’ombre ou de lumière, et puis on se taisait. Que si son air de déterré n’eut pas été attribué à la profondeur de ses méditations et de ses souffrances d’àme, le poëte eût joué là, aux yeux de Jenny, un misérable rôle près de Mortimer, qui se montrait si plein de grâce mâle et assurée, si ferme sur ses étriers qu’on eût dit qu’il était maître de manége ou écuyer de profession. Cette comparaison apparemment fa- "