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LA PRÉCIEUSE.

LA FRÉCIEUSE. 75.

Or, afin de contempler aussi poétiquement que possible l’azur du firmament, l’académie de nos bas-bleus avait décidé qu’on irait un matin, en troupes, boire du lait à une petite ferme sise à une lieue d’Édimbourg, près des ruines d’un vieux château gothique. Le jour de cette promenade arrivé, dès midi toute l’illustre société se trouva rassemblée chez miss Appleby, et l’on se mit en route. Le meilleur nombre de la compagnie s’était pourvu de confortables voitures ; les plus hardis seulement et les plus romantiques de nos bas-bleus parurent à cheval, assez médiocrement montés, et en apparence aussi, bien médiocres cavaliers, hormis Jenny et Mortimer, qui venaient sur deux beaux alezans des écuries de M. Forster, et se distinguaient par leur grâce, leur bonne mine et leur assurance. M. Fitz-Gérald et miss Appleby étaient également de la cavalerie, avec une apparence moins brillante. Ce n’est pas que leurs bidėts, loués ou empruntés je ne sais où, fussent bien rétifs et difficiles à mener ; mais de comiques symptômes de malaise, très-curieux à observer, trahissaient évidemment l’inexpérience de ces deux célèbres littérateurs. Le grand poëte surtout, maigre comme son animal, et plus pâle encore que de coutume, rappelait parfaitement le chevalier de la triste figure. Si les plaisanteries classiques eussent été de mise dans une si romantique réunion, il eût été impos-