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LA PRÉCIEUSE.

LA PRÉCIEUSE. soit qu’il ne la jugeât pas encore suffisamment exaltée pour risquer une explication formelle, il en était encore sur le pied des épitres poétiques et des regards désespérés. De son côté, miss Forster ne se montrait nullement empressée de pousser plus loin les choses. Cette cour mystérieuse la charmait singulièrement ; c’était là justement ce qui la touchait. Son adorateur eut-il fait un pas en avant, peutêtre en eût-elle fait trois en arrière ; le mariage lui semblait si prosaïque ! Mais un amour vague, incertain, qu’on enfermait en soi de part et d’autre n’était-ce pas le pur beau idéal du sentiment ? Quant à notre héros, Mortimer, il en était revenu à ses premières façons d’agir. Ses prétextes d’absence avaient cessé ; il ne quittait plus que fort rarement le logis ; il entourait sa cousine de plus de soins et de prévenances que jamais. Le mal, c’est qu’elle ne paraissait pas même avoir remarqué ce retour des galanteries de Mortimer. Lorsque tout d’un coup il était devenu sauvage, elle ne lui avait pas demandé les raisons de ce subit amour de la solitade ; elle ne lui demandait pas davantage maintenant d’où lui venait le caprice de ses nouveaux ³ empressements. Son humeur était la même, douce, `égale, constamment affable ; c’était toujours la’ même bonne et aimable amitié inaltérable ; mais cette amitié si bonne ne satisfaisait pas le jeune homme ; au contraire, elle lui navrait le coenr. 1