Page:Desbordes-Valmore - Le Salon de lady Betty.djvu/305

Cette page n’a pas encore été corrigée
65
LA PRÉCIEUSE.

į i } 1 1 LA PRÉCIEUSE.

07 Mortimer se jeta au-devant de M. Forster et, le retenant :

— Eh bien, dit-il, puisque vous ne voulez poin de ce gendre, puisque c’est moi que votre bonté favorise, mon oncle, si vous souhaitez mon succès et mon bonheur, ne précipitez rien ; point d’emportement ni de violence, je vous conjure. Ayez l’air de ne rien savoir ; que cet entretien et tout ce qu’il vous a révélé demeure, quant à présent, un secret entre nous. J’aime à me flatter de cette dernière espérance

peut-être Jenny n’a-t-elle encore que l’imagination

éprise des apparents mérites de ce FitzGérald. S’il en est ainsi, laissez-la livrée aux conseils de son bon sens et de son jugement naturel ; ils la détromperont mieux que ne ferait votre autorité. Avec la tête exaltée et l’esprit romanesque qu’elle a, gardez-vous sur toute chose d’avoir l’air de la contraindre : elle serait si heureuse de se croire persécutée ! ce lui serait une telle joie de paraître victime de la tyrannie des parents ! Elle finirait par en aimer passionnément son héros de roman, si elle ne l’aime pas déjà trop maintenant. — Bravo ! monsieur le collégien, dit M. Forster, vous parlez vraiment comme un professeur. — Si Jenny poursuivit Mortimer n’était pas bientôt désenchantée, d’elle-même et par sa propre raison ; si, malgré mes soins et une cour assidue, je la voyais s’obstiner dans son attachement au point de 1