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LA PRÉCIEUSE.

LA PRÉCIEUSR. tions de sa fille pour ce soi-disant poëte, qu’il abhorrait si souverainement. Fitz-Gérald !.. Et il fut tomber dans un fauteuil, muet, les bras croisés, frappant du pied le parquet, comme pour exhaler ainsi sa colère, qu’aucune autre expression ne soulageait. Ce fut une crise qui dura bien dix minutes. Enfin il reprit sinon quelque calme, au moins la force de formuler son indignation. —

– Fitz-Gérald ! répéta-t-il, oh ! je la déshériterai. Fitz-Gérald ! s’être éprise d’un misérable accoupleur de misérables rimes ! Non, ce n’est pas ma fille ; je la renie. Fitz-Gérald ! Mais mieux eût valu cent fois qu’elle aimât le poëte de la rue qui improvise et chante sous ma fenêtre les couplets de ses représentations du spectacle de Punch. —

– Apaisez-vous, mon oncle. Je ne jurerais pas qu’elle aime bien profondément ce M. Fitz-Gérald : tout ce dont je suis persuadé, c’est qu’il est celui qu’elle préfère ; c’est qu’elle admire et adore en lui l’éloquence, le génie, le poëte prédestiné. — Le génie, l’éloquence, le poête prédestiné ? Vous vous moquez, Mortimer. Mettriez-vous sérieusement sa poésie à côté seulement de celle des devises d’un confiseur ? Oh ! je m’en vais la trouver de ce pas, tout à l’heure même. Il faut qu’elle renonce à ce prétendu-là, ou, encore une fois, je la déshérite ; je ne veux plus ni la voir ni outr parler d’elle.

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