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que vous me gardiez : mais mes souhaits et votre consentement suffisent-ils ici ? celui de votre fille, n’en aurais-je pas surtout besoin ? — Allons, vous êtes intelligent et raisonnable ; vous êtes comme je vous aime, dit M. Forster un peu calmé. Quant au consentement de ma fille, en effet, je n’y avais pas songé ; mais, ajouta-t-il en riant, n’ayez pas peur, ce ne sera pas d’elle que viendra l’obstacle.

— Vous êtes trop confiant peut-être, reprit tristement Mortimer. Votre fille, je vous le dis le cœur navré, votre fille n’a plus le cœur libre ; elle en aime un autre ; moi je suis venu trop tard. Oh ! je vous conjure, mon bon oncle, laissez-moi partir. — Vous êtes fou, cria M. Forster d’un ton moitié sérieux, vous êtes fou, la tête vient de vous tourner ! Et quel est, s’il vous plaît, cet heureux préféré de Jenny ?

— Bon Dieu, mon cher oncle ! me voici poussé à une indiscrétion qui me coûte ; mais, au point où nous en sommes, il ne m’est plus possible de vous rien cacher. Je n’ai pas le droit de l’affirmer pourtant ; mais, j’en suis sûr, je le sens, elle aime M. Fitz-Gérald.

— Fitz-Gérald ! Le vieux gentleman ne put prononcer que ce mot. Ce nom de Fitz-Gérald lui avait été un trait de lumière ; il comprenait tout d’un coup les admira- 4 I T 1