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LA PRÉCIEUSE.

qu’il croyait déjà donnée. Jusqu’à ce qu’il lui fût permis de se retirer, il résolut au moins de fuir, du mieux qu’il le pouvait, le danger où le jetait un amour sans espoir ; il s’absentait toutes les matinées ; revenait-il pour les repas ou le soir, il était froid et réservé. L’égalité d’humeur’de Jenny ne s’en altérait pas. Elle n’avait point le secret de ce changement, et ne mettait nul intérêt à le chercher. Mais cette petite révolution intérieure n’échappa point aux observations de M. Forster. Il en perdit bientôt patience et il éclata, renonçant à ses sages résolutions de neutralité. —

— Que se passe-t-il donc entre vous et Jenny, mon cher Mortimer ? dit-il un jour, n’y tenant plus ; vous avez l’air de la bouder ? www.tick

La bouder, mon oncle ! oh ! vous vous trompez assurément ; si j’ai cet air, c’est un air bien menteur. Quelle raison mon amitié pour Jenny aurait-elle de se refroidir un moment ? —

Votre amitié pour elle ! en vérité, jenne homme, c’est généreux à vous ! de l’amitié pour une jeune et jolie fille ! de l’amitié ! — Mais certainement, reprit Mortimer, un peu surpris ; est-ce que je l’offense par cette amitié ? estce qu’elle n’est point digne d’inspirer l’amitié ? —

Vous m’impatientez avec vos amitiés, cria M. Forster. Avez-vous mon âàge, et ma fille est-elle une vieille si vénérable qu’il ne puisse être ques 1