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LA PRÉCIEUSE.

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elle qu’une sorte de fièvre intermittente qui ne l’attaquait guère que hors de la maison, quand elle était en la compagnie de nos illustres bas-bleus d’Edimbourg. Dans son intérieur de famille, elle redevenait constamment simple, aimable, naturelle ; son.joli visage ne s’obscurcissait alors d’aucune de ces mélancoliques vapeurs qui le défiguraient, dès qu’elle était au milieu des nuages de son empirée poétique. Heureusement ou malheureusement, c’était sous son beau jour et pure de toute éclipse, que la voyait presque constamment Mortimer, et il n’avait pas su résister à l’influence involontaire des charmes de sa cousine ; du moment qu’il s’aperçut de la séduction et se sentit captivé, ses anxiétés redoublèrent. Il se persữada que la retraite lui était impérieusement commandée par l’honneur et par la prudence. C’est que le jeune homme s’était fait des lois de probité d’une rigueur vraiment excessive. Jenny devait être une riche héritière ; il n’avait rien, lui ;

et ce lui eût semblé une noire ingratitude envers M. Forster que de prétendre à la main de sa fille et de tenter seulement de se faire aimer d’elle. En outre, il ne se dissimulait pas qu’elle avait l’imagination fort occupée de M. Fitz-Gérald. Eût-il mis de côté tous ses scrupules de conscience, Mortimer, qui avait autant de juste fierté que de modestie, ne se fût point décidé à solliciter une affection 1