LA PRÉCIEUSE. une carrière ? orphelin, sans fortune, il n’avait à compter que sur lui-même pour se faire une existence. Voilà ce qu’il se disait et se répétait incessamment, et il ne se cachait pas à M. Forster de ces inquiétudes ; mais le bon gentleman détournait tant qu’il pouvait la conversation de ces matières, ou bién il répondait vaguement : — Eh bien, oui, Mortimer, nous verrons ; mais rien ne presse ; cette affaire-là est importante, il ne faut pas la brusquer ni se déterminer à la légère. Et Mortimer, malgré qu’il en eût, était contraint de se taire, car s’il insistait, son oncle finissait par se fàcher et lui imposer silence. wegitimupue
Cependant ce système d’obéissance passive aux volontés de la Providence qu’avait adopté M. Forster, lui avait bien obtenu quelques uns des résultats qu’il souhaitait le plus chèrement ; deux personnes, de.sexe différent surtout, n’habitent pas en semble impunément un même logis. Quoi qu’il arrive, ils ne resteront pas indifférents l’un pour l’autre ; il y a cent à parier contre un, qu’ils se prendront cordialement en aversion, ou qu’ils s’aimeront à la folie. Si ce sont deux jeunes gens, core mieux ; il faudra que l’un au moins, s’éprenne passionnément de l’autre. Or Jenny était jeune et son. cousin aussi ; elle était belle, et de cette-constante beauté qui n’est jamais en défaut ; ses petites faiblesses azurées, nous l’avons dit, n’étaient chez en-