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LA PRÉCIEUSE.

LA PRÉCIEUSE. mière fois qu’une épitre lyrique lui était adressée. Comme son jeune cœur se gonflait d’orgueil ! Elle se voyait déjà la muse aimée d’un grand poète. Quelle gloire ! elle allait être immortelle peut-être comme la Laure de Pétrarque. Et puis la pitié s’en mêlait un peu ; le pauvre jeune homme, combien il était malheureux ! que ces hommes choisis payaient cher leur génie ! n’était-elle point prédestinée et choisie elle-même entre toutes celles qui étaient aimées d’eux, et appelée à consoler ces âmes inconsolables ?

Et la jeune fille s’endormit tout enivrée avec les stances de Fitz-Gérald sous son oreiller. Son sommeil fut pesant et agité, elle rêva de son cousin et de son poëte ; mais Mortimer ne jouait pas le beau rôle dans ses songes. C’est que le pauvre Mortimer ne faisait point de vers, et, ce qui était un tout aussi grand tort, il osait se moquer du roman et des romanciers histo- riques.

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