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LA PRÉCIEUSE.

LA PRÉCIEUSE. Non, en fait de Revues, je ne lis même pas la Gazette littéraire, dit candidement Mortimer, — N’importe, jeune homme, reprit Puddingham d’un ton de docteur ; n’importe, vous n’êtes pas sans avoir votre manière de penser sur la question. Daignez nous en faire la confidence. — Eh bien ! à vous le dire franchement, bien que je reconnaisse et que j’admire hautement le génie de Walter Scott, qui mérite un rang exceptionnel, en thèse générale j’estime le roman historique faux et pernicieux. C’est tout au plus s’il amuse ; et à coup sûr il est incapable d’instruire. Ce ne sera pas certainement de saines notions d’histoire qu’il pourra fournir ; mêlant incessamment la fiction et la vérité, il ne fera qu’égarer le lecteur ignorant et crédule, et ne sera d’aucun profit pour l’homme solidemment instruit. En ce qui est de la valeur poétique de ces œuvres de genre neutre, je la juge nulle et plus que nulle. Je vous donnerai, moi, une recette avec laquelle le premier niais venu vous fabriquera aisément, par année, ses deux romans historiques en trois volumes. Prenez-moi deux ou trois personnages éminents sous tel règne qu’il vous plaira. Un roi et une reine ne feront pas mal. Vous les introduirez quatre ou cinq fois, et leur prèterez votre plus beau langage. Ensuite, force descriptions de costumes et de paysages ; un. style bien saupoudré de vieux mots ; une bonne dose de su- 1