Page:Desbordes-Valmore - Le Salon de lady Betty.djvu/29

Cette page n’a pas encore été corrigée
21
UNE FEMME.

Comme c’est froid l’être qui ne nous aime plus ! comme il nous pousse tranquillement hors de son chemin ! comme elle m’a jeté à terre tout sanglant et meurtri !… Mais, je me relèverai, moi ! elle, jamais !… Je m’y oppose ; je ne veux pas que l’avenir soit possible pour elle : je la verrai à mon tour, blessée à mort, toute påle, cachant sa figure honteuse sous ses cheveux humiliés ; car elle sera trahie, elle le sera de par le ciel qui ne laisse nul parjure impuni. J’ai lu cela dans tout son héros italien, son prince italien, comme ils l’appellent. Qu’il soit prince ou ne le soit pas, qu’est-ce que cela me fait à moi ? J’ai lu jusqu’au fond du cœur de ce misérable, qui lui chante l’amour avec ses cadences et ses fioritures : je la verrai trahie, vous dis-je, blessée à mort, et je serai content ! et je danserai ! dussé-je rester boiteux comme lord Byron, qui s’en vengeait sur toutes ces folles. Et la vie ne m’étouffera plus vingt fois le jour aux coups d’une sonnette homicide, qui me disait : la voilà… elle vient demander pardon ! Hélas ! j’ai rêvé cela souvent, et vous l’avez compris, vous ! tout calme que vous êtes ; car vous avez enveloppé d’un mouchoir cet affreux tintement, pour qu’il ne fit pas éclater mes veines sous les élàncements de mon cœur. Merci, Bingley !… pour cela seul, voyez-vous, c’est entre nous deux à la vie et à la mort. A présent que ma raison est brûlée, mon P