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LA PRÉCIEUSE.

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LA PRÉCIEUSE. Recourez à un moyen positivement contraire. Une des principales raisons du mariage provient de ce qu’on s’épouse en général sans se connaltre suffisamment. —C’est

bien vrai, c’est bien vrai, cria M. Forster. — Je ne sais pas de juste milieu possible, poursuivit l’impitoyable raisonneur d’un air passablement goguenard. Si vous ne séparez pas tout à fait votre neveu de Jenny, alors ne vous contentez pas de les loger sous le même toit ; enfermez-les l’un avec l’autre ; qu’ils ne se quittent plus : qu’ils aient le loisir de s’étudier et de se pardonner, en bons chrétiens et en meilleurs futurs époux, les imperfections et les défauts qu’ils se découvriront. Ici M. Forster fit à son ami une profonde révérence. —Merci,

lui dit-il, merci mille fois, monsieur le conséquent et charitable conseiller. Je me souviens d’avoir lu dans Rabelais que le grand Pantagruel, se sentant de l’inclination pour le mariage, consulta divers philosophes, mais sans nul succès. Aucun d’eux ne daigna lui déclarer nettement s’il ferait bien de se marier ou s’il ferait mal. Ce fut alors qu’il eut l’idée de conter son cas à un fou qui résotut aussitôt tous les doutes de l’inquiet amant. La question ne m’intéresse pas personnellement comme le grand Pantagruel, peut-être cependant je suivrai son exemple.

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