Page:Desbordes-Valmore - Le Salon de lady Betty.djvu/276

Cette page n’a pas encore été corrigée
36
LA PRÉCIEUSE.

LA PRÉCIEUSE. Quant à votre cuisine française, n’est-ce pas honte à vous, mauvais Bretons que vous êtes, de comparer seulement ses détestables fricassées et ses sauces infinies, aux solides vertus de notre roastbeef national et de l’incomparable plum-pudding ! Puis, quant au ciel d’Italie, je ne sais point s’il est éternellement pur et bleu comme vous dites ; mais en fût-il ainsi, je confesse que je n’envierais nullement aux Romains la maussade jouissance de cette magnifique monotonie céleste. Je suis, pour moi, bon Anglais de tous points, et j’aime tout de mon pays, jusqu’à ses nuages, jusqu’à ses brouillards ! Après un long et sombre hiver, leur voile se déchire-t-il au printemps, c’est alors que je me réjouis à la vue du firmament et que le soleil qui renalt m’échauffe l’âme et la pénètre d’enthousiasme. Quelle joie me serait ôtée si je n’avais plus celle que me cause le réveil étincelant de notre belle nature du nord, qui, au retour de la douce saison, ne brille que davantage pour être demeurée longtemps enveloppée de ténèbres et endormie. Vous me direz que cette divine Italie est le sol classique véritable et le sanctuaire unique de l’art, qu’il faudrait en faire le voyage, ne fût-ce que pour aller voir sa Vénus de Médicis. Eh bien ! moi je soutiens qu’il n’est pas besoin d’aller si loin pour voir des beautés aussi parfaites que la célèbre déesse, et plus vivantes, ce qui n’est point à mes yeux un médiocre avantage. -