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UNE FEMME.

temps sur le parquet me donnèrent le loisir de la regarder au visage ; une grande pâleur avait succédé à l’éclat d’abord plus qu’ordinaire de son teint : ce fut elle, pourtant, qui reprit la parole, après avoir ramené sur moi son regard plein de douceur. · Je suis troublée, sir Bingley, car je suis coupable. C’est presque un divorce que vous venez établir entre deux personnes… dont l’une vous est trop chère pour que vous puissiez voir l’autre sans haine.

— Sa voix s’était altérée ; et cherchant, sans doute, à renfermer une émotion inutile, elle se leva, ouvrit un petit meuble à secret entre deux croisées, d’où elle retira vos lettres pour me les rendre avec l’anneau que vous avez brisé ; les lettres étaient, je crois, préparées à cet effet sous une enveloppe cachetée. Şurpris, je vous l’avoue, du poids léger de votre correspondance amoureuse, je ne pus m’empêcher de lui demander : Est-ce là tout, madame ?

— Tout, répondit-elle d’un ton simple et sérieux, je n’ai jamais reçu que deux lettres de lord Haverdale, avant et depuis son absence de l’Angleterre. Je ne peux vous cacher qu’elle ajouta en rougissant un peu :

— Il m’est permis de croire, sir Bingley, qu’un sentiment si paisible, dans l’homme qui recherchait ma main, n’aura pas le pouvoir de troubler son