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LA PRÉCIEUSE.

LA PRÉCIEUSE. clair que mon cousin parle absolument comme tout le monde. Assurément le pauvre garçon n’entend rien à la poésie ; ma foi tant pis pour lui ; car moi je suis bien déterminée à ne jamais me marier qu’avec un homme inspiré. Je conviens que M. FitzGérald n’a ni la régularité, ni l’animation des traits de Mortimer ; mais il s’exprime si singulièrement et en termes si recherchés ! je dois même avouer à ma honte que quelquefois je puis à peine le comprendre ; et puis comme sa toilette est de bon goût, comme son habit hui va bien ! Mon cousin est mieux fait peut-être, mais quelle mise, bon Dieu ! Combien de temps encore eût duré ce soliloque ? Qui le sait ? Il fut interrompu soudainement par un billet de mistress Coates, parente de miss Jenny, qui priait la jeune fille de vouloir bien sortir avec elle, afin de l’aider dans le choix d’un raban, ce qui était toujours une emplette fort délicate pour la dame, et lui semblait exiger la plus grande circonspection. Mistress

Coates était plus petite qu’une très-petite femme, ce qui faisait qu’en son absence, ses méchants amis intimes l’appelaient souvent Mistress Petticoates. Elle avait été élevée à Londres, et s’était de bonne heure mariée à un officier, cadet d’une haute maison, allié de plusieurs familles titrées, avec les noms desquelles la bonne dame était parfaitement familière. Sa conversation, lorsqu’elle