LA PRÉCIEUSE. series d’une réunion sans prétention, pour débiter à pleine bouche des riens enflés avec toute la pompe d’un oracle.
De toutes les affectations du jour, celle qui le rendait le plus furieux, c’était l’affectation poétique de nos bas-bleus. Or, parmi les admirateurs de la beauté et de la fortune de Jenny ; il y avait un certain M. Jone Fitz-Gérald, pour lequel M. Forster ressentait la plus intime aversion. Ce M. FitzGérald écrivait des vers soi-disant de l’école de lord Byron. Sa conversation se traînait tantôt mélancolique et larmoyante comme une élégie, tantôt elle bondissait étincelante et drapée de joyeuses métaphores, comme une satire lyrique. Il avait absolument l’air de vouloir faire perpétuellement du Don Juan. Il avait peu pensé, mais il avait écrit beaucoup et parlé davantage. C’était un vivant magasin de mots. En ce qui touche sa réputation littéraire, nous devons dire qu’elle n’était pas sans quelque valeur. Il passait pour l’imitateur le plus original du jour. Il était en haut crédit près de la Gazette littéraire de Londres, qu’il avait maintes fois enrichie de sa poésie et de sa prose. Notre héroïne, comme nous l’avons dit déjà, s’était laissée captiver par l’influence qu’exerçaient autour d’elle quelques beaux esprits des deux sexes. L’air ambiant était chargé de trop de métaphores, d’images et de pensées ridicules, pour qu’elle pat 1 I I