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LA PRÉCIEUSE.

LA PRÉCIEUSE. Hum ! hum ! c’est assez vrai ! Ah ! ah ! messieurs de l’opposition, que répondrez-vous à cela ?

Pour le coup ! M. le Rédacteur, vous déraisonnez ; ceci n’est pas logique. Durant ce soliloque, à bâtons rompus, miss Jenny, assise près de la fenêtre, n’était pas moins préoccupée des nouvelles littéraires que son père des nouvelles politiques ; son admiration pour la prose de la Gazette se peignait sur tous ses traits. Ses grands yeux bleus, harmonieusement voilés de beaux cils noirs, brillaient de plaisir à chaque ligne ; l’enthousiasme tacite dont elle était transportée pouvait à peu près se traduire par ces mots :

— Quelle délicatesse de pensée ! quelle richesse de style ; oh ! la séduisante image ! —

Bien certainement j’achèterai ce livre ! s’écria tout à coup la jeune fille, incapable de contenir plus longtemps l’expression de ses sympathies poétiques. —


Quel livre achèteras-tu ? reprit brusquement M. Forster en levant les yeux, et en posant le journal sur ses genoux encore quelque sottise de tes écrivailleurs sans cervelle, je le gage ! Oh, mon père pouvez-vous appeler ainsi ces interprètes de la pensée divine dont chaque note. vibre comme une corde mélodieuse dans l’espace ? -