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UNE FEMME

LA FIANCÉE. Ah ! mon mari ! cria madame Thorns ; il y a de belles nouvelles pour nous ! · Quelles nouvelles ? demanda M. Thorns accouru au ton félé des voix de femme, tenant encore d’une main un sixain de bonnets de coton, et de l’autre un paquet de chandelles qu’il venait de peser au comptoir ; et qu’y a-t-il, men doux cœur ? poursuivit-il épouvanté par la pâleur tremblante de sa femme, étant sûr d’avance qu’il ne pouvait l’attribuer qu’à une perte d’argent. —

Vous ne le croirez pas, M. Thorns, car c’est à peine si je le crois moi-mêmé, bien que cette femme qui sort, et qui était, je crois, intéressée à bien voir, l’ait vu de ses propres yeux, comme il lui plait de le dire : mon sot oncle est marié de tout à l’heure à sa laide servante, à Sally Sadlins ! voilà ce qu’il y a, M. Thorns, voilà ce qu’il y a ! M. Thorns laissa tomber ses mains qui làchèrent le paquet de chandelles et le sixain de bonnets de coton, écrasant le tout en marchant dessus pour gagner la muraille contre laquelle il demeura stupéfait et haletant. Pour dire la vérité, leurs sympathies se trouvaient alors si parfaitement d’accord, que jamais deux cours ne palpitèrent mieux ensemble ; il rendait à cette vrafe moitié de luimême, soupir pour soupir, påleur pour paleur… il lui ressemblait à force d’harmonie dans les sensations qui tordaient sa pensée ; ils étaient affreux. -