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UNE FEMME

cette femme pour y recueillir les nouvelles, les évènements, les on dit de son ancienne rue ? N’étaitil pas sûr d’en trouver toujours une fraîche provision chez une veuve oisive qui n’avait rien à faire que ses mitaines de filet, et la récolte journalière de tous les bruits du quartier ? Il n’était pas non plus étonnant que cet oncle bien aimé et très-lourd, eût trois et quatre fois de suite demandé une chaise à la veuve d’un vieux ami, pour couper en deux une promenade qui l’essouflait. En définitive, madame Simpson n’était guère, plus que Sally, peutêtre, propre à faire rêver un célibataire. Autrefois, madame Simpson pouvait avoir été épousable ; mais pas un de ses amis d’enfance n’était assez jeune pour se le rappeler. Il est vrai qu’à cette heure, sa manière de s’ajuster révélait quelque prétention, car on ne la voyait jamais sans un très-gros nœud de ruban posé à la jolie femme sur la tempe gauche, avec un parti ferme de ne l’en ôter jamais. Elle cultivait la mode déjà un peu ancienne d’une mouche noire au visage, mais cette mouche même n’était pas appliquée où la coquetterie l’eût placée, car ellesiégeait où l’impérieuse nécessité l’appelait, sur l’œil gauche ! Ainsi donc, et tout résolument, madame Thorns rentra dans son assiette, et conclut en allant ouvrir à son mari, qu’il valait mieux que son oncle frappât quelquefois à la porte de madame Simpson, qu’à une autre porte plus attrayante. 1