comptoir, où il avait gagné, sinon une fortune considérable, au moins un bien-être aussi solide que lui-même ; il acheta une petite maison blanche à volets verts, ornée d’un grand jardin fruitier, qu’il lui plut d’appeler sa campagne, parce qu’elle était à l’extrémité d’un faubourg de Londres, et une fois installé, il s’étudia à ne rien faire. Il regarda passer la vie les bras croisés, sa pipe entre les dents, rêvant tantôt vaguement, tantôt profondément à tout ce que cette chère maison recouverte en ardoises brillantes renfermait d’utile et d’agréable s’il réussissait à y faire présider en même temps l’économie et le célibat. Outre une cuisinière à l’année et un petit jokey de louage, fils d’un pauvre cordonnier du faubourg, dont le plus jeune enfant était fier d’être groom une fois par semaine, M. Fogrum possédait dans la personne de l’intègre Sally Sadlins une admirable surintendante de son paisible et monotone empire. Sally ne se croyait distinctement ni gouvernante, ni femme de charge : elle était Sally Sadlins ; loin d’assumer le maintien et la dignité attachée à de pareils emplois, à peine semblait-elle avoir un sentiment, une idée ou une volonté qui vint d’elle-même ; elle s’était si insensiblement accomodée à l’humeur et aux mœurs de celui qui commandait sa vague intelligence, que par degrés l’apparente distance entre le maltre et la servante avait diminué. Sally, quoique loin d’être elleLA SERVANTE.
I
!
1