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UNE FEMME

LA DERNIÈRE TOURNÉE DU SNOGLER, — Jane ! s’écria Frank, s’efforçant de surmonter un frisson superstitieux, je ne vous comprends pas : ma vie a été une série de dangers, de honte, si vous voulez ; mais quelques jours ajoutés à plusieurs années ne peuvent entrainer ma ruine ou ma damnation… Que voulez-vous dire enfin : mais parlez donc ! le but de ce dernier service le sanctifie d’ailleurs ; j’ose le croire, et je vous le répète, cette tournée est la dernière, Jane ! je jure par le ciel que c’est la dernière. 182

Dis seulement que tu ne veux pas ! répéta Jane après son inintelligible prière : dis que tu ne veux pas !

Jane ! cria Frank d’un ton de surprise et d’horreur ; c’est là un horrible jeu ! j’ai eu parfois ·la crainte vague que votre singulier enthousiasme ne dégénéråt en démence… présentement, de vouez-moi ! je suis enchainé par ma parole, lié par l’honneur, par la gratitude, par l’humanité : je ferai ce que j’ai dit, je le veux. Jane trembla. Et dans trois semaines, je reviendrai. Allons, ¿ouvrez vos bras, Jane ! ma fiancée ! ma femme !… — Et— dis-moi fermement, mais tendrement adieu ! ·là !… poursuivit-il en l’attirant passionnément à lui. Jane tomba dans ses bras ; le serra faiblement contre son cœur ; puis, avec des lèvres aussi pures, aussi froides que la mort, elle imprima un baiser doux et profond sur les siennes : Frank .-

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