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UNE FEMME.

LA DERNIÈRE TOURNÉE DU SMOGLER. mour, le monde leur semblait enfermé et défendu par ces hautes montagnes. Ivres de leur amour et de la vive senteur des algues, ils gravissaient quelquefois certains côtés accessibles de ces murailles naturelles et infranchissables. —Si

nous pouvions monter ensemble, disait Jane, à ces portes du ciel, il me semble que nous toucherions l’autre vie avec la main ! Elle élevait l’orgueil du jeune homme, elle combattait ses principes égarés, elle attendrissait son cœur l’amour prêtait une force irrésistible aux armes de la raison ; sa rébellion s’abattait devant la contenance pudique et simple de Jane ; le faux orgueil fondait devant ses regards si purs comme la neige durcie devant le soleil. Deux ois M. Darcey, par l’irrésistible instance de Jane, s’était trouvé en tiers dans leurs innocentes rencontres, et il avait jeté sur le Sphinx, à l’ancre, un regard tout empreint de blâme, d’espérance et d’affection. Ce regard n’avait point échappé à Frank ; l’amour est soigneux de ses propres intérêts, et pour lui, ce regard valait un long discours. Un soir d’automne, enfin, seul quelques instants avec Jane, en l’absence de M. Darcey, dans cette maison qui ne lui avait jamais été interdite, mais où il rentrait alors comme en grâce avec le maitre, après une lutte intérieure, rude, il est vrai, mais décisive, le Smo-