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UNE FEMME.

vant ses youx ; puis, elle s’arrêţa rêveuse dans sa joia, lorsqu’elle découvrit à peu de distance le petit batiment de son amant, retenu à l’ancre dans la baie. Qu’il lui sembla beau, le Sphinx avec ses flancs peints et arrondis, étalant au soleil ses formes si rases, si souples qu’il lui parut gracieux sous ses voiles carguées, se balançant aux caprices de la haule comme un goëland endormi sur les flots ! Jane demeura immobile ; une idée soudaine et radieuse s’alluma sous son front. Il sera sauvé ! s’écria-t-elle avec un joyeux transport : Il sera-sauvé ! je le relèverai de son rêve de honte et de misère. J’attirerai son cœur dans les sentiers d’une honorable ambition, et son navire un jour parcourra les hautes mers aussi librement, aussi orgueilleusement qu’un vaisseau de l’État. Elle parlait encore tout haut, quand elle vit à peu de distance accourir un jeune homme, la vie qui colorait ses joues reflua précipitamment vers son cœur. Jane, dans ce rapide instant, vécut plusieurs années et remonta le cours de sa jeune existence écoulée ; elle relut tout un passé de scènes ravissantes sous ses yeux à demi-fermés : Se souvient-il de moi ? m’aime-t-il encore ? m’a-t-il aimée ?

… Telles furent les craintives questions qui coururent dans son intelligence au moment où ayant. fait un pas en avant, elle le réprima aussi involon1 15

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