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UNE FEMME

Ainsi, Jane et Frank, par les fréquentes relations de leurs pères, avaient été de bonne heure étroitement unis ; et lorsque celui-ci s’enrôla tout à coup avec des hommes sans aveu, Jane dans sa naive candeur ouvrit son âme avec admiration et une délicieuse frayeur à ces contes de voyages et de périls ; car elle les écoutait dans la foi pieuse. d’un précoce amour ; il lui semblait que Frank purifiait tout ce qu’il touchait, et que ses nouveaux compagnons n’étaient pas si coupables puisqu’il consentait à partager leurs dangers. Toutefois, malgré la bravoure de Frank et sa ressemblance avec son père, malgré une larme d’orgueil et un serrement de main à briser les doigts du jeune capitaine en apprenant que ce grade venait de couronner plusieurs actions déclat, M. Darcey eut quelque honte que sa fille Jane fut vue encore dansant et chantant avec le maître d’un cutter contrebandier bien que cette fille n’eût alors que quatorze ans, et le jeune orheliu dix-sept. La libre autorité d’un vieux smogler avait pu passer à pieds joints sur l’inconvenance de nommer un capitaine de dix-sept ans ; l’enthousiasme qu’excitait ce bouillant courage dans un adolescent, venait de faire tomber sur le jeune Frank cette distinction si bien méritée, qu’elle n’excita aucun murmure. Mais l’autorité paternelle s’éveillait trop tard : elle n’eut pas la puissance de dissoudre le ciment de 1 1