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UNE FEMME.

• LE SKOGLER.

187 vers une destinée plus honorable. La classe austère des habitants de la Cove se retira de lui, le jugeant dès-lors peu propre aux affaires graves et réguliè res ; tandis que les plus jeunes, faciles et insoucieux, retenus par bonheur dans les chaines étroites du devoir, admiraient son esprit supérieur, sa vaillante indépendance, et applaudissaient à ses triomphes, qu’ils enviaient peut-être. Fier et honteux à la fois des succès qui le séparaient du mode social ; justifié par la nécessité, séduit par l’inclination, Frank-Hardi se plongea tout entier dans la carrière dangereuse où son étoile solitaire l’avait lancé. L’éclat de son audace, sa beauté frappante, ses prodigalités romanesques le rendirent en peu de temps le héros populaire de la petite ville et des alentours de la Cove. Il n’était pas présumable que les jeunes filles scrutassent très-sévèrement la moralité d’une profession tolérée par leurs parents ; et l’homme qui partout ailleurs eût été signalé comme un vagabond redoutable, devint, dans ce lieu maritime, à demi-sauvage, l’objet d’une sorte de culte et d’attraction. Le peuple l’adorait ; d’autre part les fêtes, les bals, les réunions brillantes s’ouvraient devant cette singulière célébrité qui répandait partout l’intérêt curieux attaché aux choses extraordinaires. Mais les bonnes fortunes de Franck ne s’étendaient pas plus loin. Trop loyal pour séduire, il se