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UNE FEMME

L’ALBUM DE LADY BETTY. moins ; rendons-lui cette justice. Elle m’écrivait, au nom de sa maman, qu’une attaque de goutte au bras droit empêchait de tenir la plume. Elle s’étendait fort au long, et je pense fort sincèrement, sur le chagrin que lui causait ce mariage qui la séparait de sa sœur. Elle rappelait en quelques mots simples et en apparence sentis, les jours heureux qui s’étaient enfuis si vite lorsque j’étais à Dakenshade. Lady Layton m’engageait vivement à revenir visiter leur solitude durant la semaine de. Noel. Quant à lady Betty elle n’osait se joindre à sa mère pour solliciter de moi un tel sacrifice de mes plaisirs de la ville. Ses prières, elle en avait peur, seraient près de moi de trop peu de valeur ! N’aurais-je cependant pas pitié de sa tristesse ? Elle était si seule, si malheureuse ! Toutes ces longues soirées d’hiver, où elle n’avait d’autre compagnie que le sommeil de plus en plus profond de sa maman ! Et les journées n’étaient pas moins solitaires ; comme la salle d’études était sombre et déserte à présent ; elle qui avait vu tant de joyeuses matinées, tant de fraîches poésies et de gracieux dessins s’animer et vivre sous ma plume et mon pinceau. Au moins gardait-elle précieusement ces inimitables créations de mon talent, mais elles ne lui ramenaient ni le passé ni l’auteur ! Et ce qui concernait le petit album lilas à filets dorés, elle en avait arraché et brûlé bien des pages ; elle