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UNE FEMME

L’ALBUM DE LADY BETTY. l’honneur d’être réinstallé dans mon titre et ma qualité de pis-aller de lady Betty. Je régnerais de nouveau, si c’était mon bon plaisir, tant que le premier venu ne m’aurait pas détrôné. J’ignore si les autres hommes ont été formés de matériaux plus solides que ceux qui ont servi à ma construction, quant à moi je confesse humblement ma faiblesse. Si courroucé que je sois, mes résolutions résistent difficilement au pouvoir de deux beaux yeux. Pour l’honneur de l’humanité masculine, je m’efforçais néanmoins de braver les fascinations du regard de lady Betty. Comme je tiens fort à être historien exact et vrai, je dois dire qu’en cette occurence ma conduite eut été peut-être moins digne et moins héroïque, n’eût été le courage que me suggérèrent les irréparables évènements qui s’étaient passés entre moi lady Barbara. Leur souvenir me poursuivait irrévocablement : après de pareilles scènes toute réapparition à Dakenshade m’était devenue absolument impossible. Je restai de glace aux doucereuses : cajoleries de lady Betty ; ma physionomie s’arma d’une expression rébarbative qui réduisit ma belle Armide au silence. Je déclarai formellement que je n’avais plus nul goût pour escorter les dames qui montaient à ane, j’étais souverainement las de la lune et de la campagne il me tardait de revoir la ville et de rentrer en pays civilisé.