L’ALBUM DE LADY BETTY. 143
Helas ! monsieur John, répondit-elle d’un voix plus assurée, je vous jure que ce n’est pas ma faute, si vous vous méprenez ainsi. Mais voici trois ans que mon cousin le capitaine a la promesse de ma main, et que nous nous aimons ; et il est arrêté que je l’épouse avant les fêtes de Noël. Et elle se retira lentement, n’osant pas me regarder, et m’abandonnant le soin de tirer moi-même les conclusions de sa réponse. Ce fut là un second coup par trop rude. Ma stupéfaction était effroyable. Je n’avais plus une goutte de sang dans les veines. Je me relevai et fus me contempler au miroir. Je me trouvai une mine de trépassé qui me fit reculer six pås. Je ne songeais plus à me tuer. Je croyais la besogne achevée. J’eus bien, je pense, un bon quart-d’heure de vraie folie. Cependant j’avais bu machinalement toute l’eau d’une carafe qui était sur un guéridon. Je m’étais. assis. Je repris un peu de raison et me mis à considérer ma situation. Elle était horrible. A quelle école j’avais été ! Barbara ne m’aimait donc pas, décidément ! La pauvre fille n’était pas si à plaindre que je l’avais supposé. Elle n’avait pas souffert le moins du monde de ma longue indifférence, et le retour de mou affection ne la touchait pas davantage ! bref, elle avait ses sentiments et sa main engagés ailleurs ! En quelle lourde erreur j’étais tombé Le magnifique désappointement ! J’avais choisi un