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UNE FEMME

L’ALBUM DE LADY BETTY. nous rougissions, l’un et l’autre, jusqu’au blanc de nos yeux. Je m’expliquai néanmoins, et très-clairement, malgré mon trouble extrême— Je remerciai Barbara tout en larmes, de son dévouement et de son amour désintéressés. Je lui jurai qu’elle n’avait point eu affaire à un ingrat. Puis, allant droit au but, je lui confessai ma passion que je m’étais vainement dissimulée longtemps en moi-même, et qui m’était enfin miraculeusement révélée. Je déroulai mes projets, et lui saisissant la main, je lui contai mes espérances de fortune, ma généalogie. Je fixai l’époque de notre mariage, le lieu de notre future résidence

; j’allai jusqu’à lui déclarer la somme que je

me proposais d’employer en cadeaux de noces. C’était à présent le tour de Barbara. La chère enfant était pourpre ; elle tremblait, elle balbutiait. — Je suis désespérée, dit-elle, j’ai peur, -j’espère ; — je ne sais vraiment que répondre. Il lui fallut s’arrêter pour se remettre un peu. Moi, je m’étais jeté à ses pieds ; j’étendais les bras pour qu’elle s’y précipitàt. J’avais une image sur la vue. J’attendais en une extase indicible. ·Comment, tu hésites, m’écriai-je hors de moi, tu n’oses parler, ma divine Barbara ! Oh ! tu m’aimes ! eh bien, ne crains pas de le dire ! laisse sans frayeur s’échapper de tes douces lèvres les mots >célestes ! Dis-moi, répète-moi que tu m’aimes ! Barbara avait retrouvé quelque courage. —

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