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UNE FEMME.

L’ALBUM DE LADY BETTY. 139

qu’il a eu la bonhomie de consentir à venir à ma rencontre à mon retour de l’école de charité, sans soupçonner seulement que je vais là uniquement afin de fournir à mon irrésolu parent une dernière occasion de se déclarer. Oui, j’ai sincèrement pitié de ce cher John. C’est un excellent jeune homme ! On ne trouverait pas de meilleure étoffe pour y tailler un mari. » En vérité, criai-je, en vérité ! chère Betty. Eh bien, remettez, s’il vous plait, vos ciseaux dans votre boîte à ouvrage. Je ne suis pas, je crois, précisément du drap où vous vous couperez un époux ! Mais voyez-vous le plaisir qu’il y a à pénétrer les secrètes pensées de la femme qu’on aime !

— ReNe nous plaignons pas pourtant ! mercions plutôt la fortune ! La découverte, si amère qu’elle soit et difficile à digérer est au moins salutaire, et nous en ferons notre profit. —

Sur quoi je fermai brusquement le petit album lilas, et le balançant avec délicatesse entre deux doigts de ma main droite, je l’envoyai se poser à son gré sur le tapis dans un des coins du salon. Je m’approchai alors d’une croisée ouverte. La rivière coulait justement au-dessous. Quelle tentation ! Mais ne serait-il pas plus dramatique et plus beau de me brûler la cervelle, que de me noyer ? Ou bien si je prenais la poste, si je courais après le coupé du noble lord, si je lui demandais raison —

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