L’ALBUM DE LADY BETTY. 147
pour son bonheur, cela m’épargnera un peu l’embarras de m’en occuper. » Peste ! m’écriai-je, de la malice et du mauvais cœur. La tête me tournait déjà. — « TROISIÈME RAISON. J’ai entendu dire que les attachements passionnés ne produisaient en ménage qu’inquiétudes, jalousies et querelles incessantes. S’il en est ainsi, l’esprit calme que m’inspire M. John, m’est un sûr garant de la vie sereine et paisible qui nous attend. » Je frappai du poing les touches du piano, qui se lamentèrent misérablement. — « QUATRIÈME RAISON. Je me suis demandé quelquefois si cette estime pouvait passer pour de l’amour et en tenir lieu ; mais j’ai réfléchi que rien n’était și près de l’amour que la pitié ; or, j’ai pitié de M. John pour tant de causes, que ma conscience est en repos. Assurément je ne suis pas très-loin d’aimer ce jeune homme. » Pitié ! criai-je, poussant du pied un fauteuil qui fut rouler à dix pas ! Pitié ! ah ! merci ! « CINQUIÈME RAISON. J’ai pitié de lui parce qu’il est nécessaire que je le mette sous la remise durant le séjour de lord Brownsberry à Dakenshade. Autrement mon cher illustre parent pourrait être découragé par les apparences et ne point se décider à cette déclaration qu’il me fait depuis si longtemps attendre. » 12