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UNE FEMME.

L’ALBUM DE LADY BETTY. 185

de papier blanc me tomba sous la main, elle fut en un instant enrichie de deux sonnets que ma vanité jugea digne d’ètre transcrits quelque jour sur le petit album lilas de ma chère Betty ; mais je regardai du côté du piano, bon Dieu ! le petit album était là lui-même ; c’était la Providence qui avait voulu que ma bien-aimée oubliât de le prendre avec elle ou de le serrer sous clé, ainsi qu’elle le faisait toujours. Elle l’avait laissé ainsi dans la précipitation de sa course imprévue ; j’ouvris donc le petit livre, et tout à mon amour-propre poétique, j’écrivis d’abord mes sonnets, et de ma plus belle écriture. Quelle surprise ce serait pour la pauvre enfant quand elle lirait là de pareils vers ! Mais une fois ma transcription achevée, la fantaisie bien naturelle me prit de lire moi-même, c’était de la curiosité indiscrète ; mais le moyen de résister à la tentation ! comment ne pas saisir cette occasion précieuse qui m’était présentée de pénétrer dans les plus secrètes pensées de celle que j’adorais ? et puis, n’était-ce pas de sa part une innocente finesse ? n’avait-elle

pas à dessein choisi cette ingénieuse voie de me révéler son âme ? était-ce le cas d’une réserve trop craintive et délicate ? ne serait-elle pas au contraire, loin d’être fâchée, excessivement mortifié si je ne profitais point de l’avantage qu’elle m’offrait elle-même ? Ces réflexions me décidèrent, et sans plus résister, je me plongeai avide- -