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UNE FEMME

L’ALBUM DE LADY BETTY. violation de ma propriété. Il n’y avait pas jusqu’à ses familiarités avec la vieille lady Layton qui ne me parussent aller contre mon autorité légitime. Bref, je fus immédiatement l’ennemi déclaré du personnage, et mon aspect courroucé ne le dissimula guère.

Lady Betty aperçut vite les fureurs qui grondaient en moi, et elle ne négligea rien pour les empêcher d’éclater. Elle me calma d’abord un peu d’un de ces regards tout puissants qui maîtrisaient si bien mon àme, puis elle me conjura de l’aider à traiter le nouveau venu selon la civilité qui lui était au moins due. Les attentions de commune politesse qu’elle avait été obligée de lui montrer l’avaient déjà, prétendait-elle, excédée ; elle n’en pouvait plus, elle appelait mon courage à son secours. Je fus ravi de la confidence. Elle ressentait donc comme moi l’incommodité et l’indiscrétion de cette visite inattendue ; je ne l’en aimai que mille fois davantage de détester cet homme ! Pauvre chère Betty ! elle me l’avait dit à l’oreille, s’il demeurait seulement une semaine, elle en tomberait malade. Cependant, comme bien l’on pense, toute notre façon de vivre avait été révolutionnée. La maladie de lady Betty se réalisa telle qu’elle l’avait prédit, Elle fut bientôt trop faible pour remonter sur l’àne et reprendre nos cavalcades ; elle n’avait même plus la force de s’enfermer dans l’intérieur du (