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UNE FEMME.

L’ALBUM DE LADY BETTY. 199

fait pour m’inquiéter, et réellement j’eusse été trèsinquiet si je m’étais senti moins sûr du cœur de ma maitresse, si le triomphe de sa conversion que je m’attribuais ne m’eût surtout entièrement rassuré. Je

n’oublierai jamais pourtant le fracas que causa l’irruption de l’illustre intrus. C’était un parent éloigné de lady Layton ; en conséquence, s’était-il reconnu le droit de venir sans invitation et avait-il déclaré qu’il resterait jusqu’à ce qu’il s’ennuyàt. Il commença par commander aux domestiques de la maison comme s’ils eussent été les siens, et se fit servir et loger absolument de même que s’il fût arrivé chez lui : à peine daigna-t-il faire de la main quelques signes de courtoisie aux dames tant qu’il ne fut pas installé confortablement selon ses souhaits. Durant les premiers moments de cet envahissement, je m’étais tenu à l’écart, plein de surprise et d’indignation ; on m’amena bon gré mal gré, on me présenta au noble lord qui eut l’air de toiser ma modeste apparence d’un long regard souverainement méprisant. Il m’honora toutefois d’un salut qui n’eût pas été plus glacé fût-il venu de la Laponie, et, en retour, il en obtint de moi un autre du pôle nord. J’étais on ne peut plus mécontent : ce noble parent ne me semblait qu’un usurpateur de mes droits. Ces libertés qu’il se permettait vis-à-vis de Betty et de Barbara étaient une