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UNE FEMME.

L’ALBUN DE LADY BETTY. 127

en elle la compagne de ma vie à venir ! Ce serait elle qui partagerait mes peines et mes joies. Elle serait la mère chérie de mes enfants ! il y avait maintenant de la cruauté de ma part à différer davantage ma déclaration. Mais quoique je n’aie point du tout de sang écossais dans les veines, j’ai toujours été passablement adonné à la prudence. Lady Betty avait été longtemps folle et coquette. Cette subite sagesse qui lui poussait, n’était-elle pas la pure fantaisie d’un moment ? D’ailleurs, il y avait, dans le vague de mon sentiment, un charme que n’aurait plus ma passion déclarée. Toute réflexion faite, je décidai qu’il était bon d’observer encore. Je résolus de n’agir qu’après avoir délibéré plus mûrement. Nos passe-temps continuaient cependant d’être les mêmes. Seulement, il y avait dans nos rapports plus d’abandon et d’intimité. Nous échangions fréquemment de petits gages de souvenirs : entre autres cadeaux, lady Betty m’avait donné une bourse de perles de sa façon et une boîte à pinceaux ; moi, en retour, je l’avais libéralement accablée sous un monceau d’épitres et d’aquarelles, mais elle voulut en outre un petit album de poche de maroquin Hilas à filets dorés, où elle savait que j’écrivais çà et là les pensées fugitives que la fantaisie me suggé rait ; je tenais cet album (n’importe de qui). Quel objet, si cher qu’il me fût, n’eussé-je pas sacrifié à