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UNE FEMME.

L’ALBUM DE LADY BETTY. 125

— des rossignols eux-mêmes. Oh ! le magique enchantement ! des regards brillants, et de la musique sur l’eau vers la brune. Oh ! les célestes mélodies d’amour mystérieux ! Ou bien nous courions par le bois de chênes, tapissé de lierre et de mousse, nous y jouions à cache-cache ! Et puis, Betty et moi, nous avions toujours entendu quelque bruit ’lointain de branches écartées et de pas sur les feuilles ; et c’était Barbara, la plus brave, qui s’avançait seule, afin de démasquer l’ennemi, et de protéger notre marche. Enfin, et trop tôt, la lune nous montrait son doux visage mélancolique, ou les étoiles nous regardaient de tous leurs yeux étincelants ; c’était le signal de la retraite. Nous retournions lentement à la maison ; là, encore assis quelque temps au salon, au coin des sophas, nous causions à voix basse, et nous regardions à travers les fenêtres ouvertes, les nuages fantastiques voiler l’azur sombre du ciel nocturne ; notre imagination leur prêtait mille formes ; nous leur adressions mille apostrophes romantiques empruntées des poemes d’Ossian. Doux moments ! Douce obscurité ! Comme j’aurais de bon cœur, alors,

souffleté le valet sans pitié, qui venait fermer les eroisées et les volets, et apporter les bougies ; c’est que tout était fini, On servait le thé ! C’était le réveil ; lady Layton ne se rendormait plus. On pouvait considérer la journée comme achevée.