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UNE FEMME.

L’ALBUN DE LADY BETTY. et maladroite. En conséquence, Barbara montait un cheval bien vif. Betty, pour rien au monde, n’eut voulu d’autre monture qu’un àne. Il en résultait que notre impatiente brune était constamment un mille en avant, et notre timide blonde un mille en arrière. Donc, de toute nécessité, il me fallait chevaucher près de Betty, dans la crainte qu’il ne lui arrivát quelque accident et que ses frayeurs ne la missent en péril. Ainsi allions-nous à travers bois et vallées, ruisseaux et collines, parcourant les plus ravissants endroits et les plus dignes d’inspirer l’amour qu’ait jamais peints la plume ou le pinceau. Je n’avais vu nulle part d’arbres si verts, si gracieusement balancés ; nulle part je n’avais réspiré le parfum de fleurs diaprées de si riches couleurs. Les appréhensions feintes en vraies de ma jolie compagne, à chaque pas de son palefroi aux longues oreilles, les sabitès rougeurs qui lui couvraient le visage ; tous ces riens étaient du bonheur et me rendaient fou ; vous pensez bień que nous nous perdions continuellement. Nous avions pleine confiance, au surplus, en Barbara, c’était elle qui se chargeait de nous retrouver et de nous ramener au logis. Au diner, lady Layton s’informait généralement de la façon dont nous avions employé la matinée. Qu’êtes-vous devenus, mes enfants ? de : quel côté du pays avez-vous couru ?