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UNE FEMME

L’ALBUM DE LADY BETTY. bleus, qui semblait une madone ! Souvenirs précieux durant bien des jours. Or, placez un homme dans la situation où j’étais à Dakenshade, entre deux charmantes jeunes filles, et faites si vous pouvez qu’il ne devienne pas éperdûment amoureux au bout d’une semaine ! Ce fut là précisement ce qui m’advint ; et le pire, c’est que je me trouvai, je crois, épris en même temps de lady Betty et de lady Barbara. Un mot cependant sur les caractères et les dispositions des deux divines enfants. Barbara était une âme fière et tendre, plus fière que tendre toutefois, à ce qu’elle me parut. Elle voulait, à ce que j’imaginai, avoir l’air de ne s’occuper de moi en aucune façon, afin que sa sœur en eût mieux ses coudées franches. Betty, de son côté, prétendait être indifférente à tout. Elle affectait l’insouciance. Elle tenait à ce qu’on fut convaincu que rien ne l’intéressait au monde, si ce n’était sa propre personne. Quoi qu’il en soit, la capricieuse Betty ne halssait pas qu’on lui fit la cour. Elle se laissait aimer par moi avec assez de complaisance ! J’y allais de tout mon cœur pour ma part ! J’étais alors un terribleupirant ! L’accès m’étant plus facilé près de la douce blonde, e’était donc elle que poursuivaient surtout mes novices adorations. Oh ! le beau temps, le bon temps ! Tenez, je veux vous dire la vie passionnée que je menais alors.