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UNE FEMME

Que le ciel confonde ton audace ! repartit le comte en fureur.

Une rumeur sourde, qui n’attendait pour éclater en joie que l’absence du comte, circula sous la nef de Sainte-Marie, dont l’orgue retentit tout à coup comme un te Deum de victoire touché par une main invisible ; tandis que le marquis, dont le maintien était fort tombé, tirait à part, en marchant sur son bouquet, le comte Fitz-Aymer pour lui soumettre quelque plan d’accommodement. La comtesse, qui faisait de la colère, joignit au conseil sa dignité confondue ; et chacun dans l’église maintenait avec effort une apparente consternation. Le curé regardait son livre à l’envers ; Digwell grinçait de ses trois dents contre la précoce perversité de cette jeune fille d’Ève ; ses filles d’honneur chuchottaient sans oser sourire, et tout le reste était dans une confusion extraordinaire. Mais il m’importait d’observer ce que faisait la fiancée au milieu de l’agitation générale. Elle faisait, de bonne foi, la seule chose qu’elle dut faire en pareille circonstance. Elle disparut sans bruit, se glissa comme un rêve vers le côté opposé à celui par lequel elle était entrée, et profitant du trouble général qu’elle avait fait naître, avec toute la légèreté dont la jeunesse et l’amour animaient son être charmant, je la vis se précipiter à travers le cimetière, puis passer sous la porte à guichet dont je me