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UNE FEMME

éclatait dans la manière dont elle foulait aux pieds les fleurs qui étaient semées devant elle ; j’y devinai, sans me tromper, un des innocents moyens par lesquels cette blanche génisse révélait son amère aversion contre les pompes préparées pour le drame dont elle avait horreur d’être l’héroïne. Son noble père me parut évidemment exaspéré contre elle : la façon brusque dont il saisit sa main approchait beaucoup de la brutalité, lorsqu’il enchaina cette main mignonne sous son bras nerveux, pour la faire avancer de force vers l’église. Une protestation courageuse sortit comme une flamme de l’œil ardent et fixe de cette autre Iphigénie

une rougeur de pourpre trancha subitement

avec la pâleur touchante de sa joue. Au moment où elle passait sous le portail sombre de l’église, je remarquai le mouvemant rapide, mais répulsif, de ses épaules demi-nues, suivi d’un pas rétrograde, comme si le joli pied de la victime eût rencontré tout à coup une pierre qui, par son offense, l’ent forcée à prendre un autre chemin. Mais l’inexorable père la tira violemment devant lui. Probablement qu’alors il eût ressenti un plaisir immense à corriger cette esclave rebelle ; mais il n’y avait pas moyen d’agir ainsi en public, Il fallut se contenter de la porter comme à un supplice. L’odieux marquis Greystock, que je trouvai affreusement laid, osa prendre place à côté de cette