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UNE FEMME

plumages de marabouts ; jamais les oiseaux de paradis ne déployèrent leurs ailes d’or sur plus de têtes opulentes ; jamais tant de nuages de fines dentelles ne furent soulevés à la fois par l’air frémissant du matin : j’en admirai, je crois, pour un million durant cette heure mémorable. Quant à l’infortunée fiancée, elle était habillée comme toutes les fiancées de son rang et de ses espérances de fortune, dans le classique vêtement de satin blanc recouvert de point de Bruxelles, sans lequel il n’y aurait, dit-on, nulle fiancée possible dans les nobles familles d’Angleterre ; elle ne portait point de chaperon, dont l’usage commence à vieillir partout ; la riche profusion de ses tresses blondes était entrelacée de diamants et de fleurs d’oranger ; une partie de sa charmante personne était cachée par un voile long qu’on en voyait à peine sortir deux petits pieds paresseux à marcher vers l’autel, où le cœur n’entraînait nullement la jeune vierge boudeuse. Sa taille, au-dessus de la moyenne, me parut légère comme une lithographie de Sylphide ; son visage pâle, ou du moins frès-blanc, vrai teint d’héritière anglaise ; mais à la grande surprise de chacun, elle ne répandait point de larmes elle semblait avoir obtenu d’elle-même, par un sublime effort de soumission, la fermeté de subir le sacrifice tout entier, et cédait, muette, aux exhortations de sa mère, qui, au moment de

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