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UNE FEMME.

Les femmes abandonnèrent leurs chaumières, les hommes leurs champs ; ici, le moulin fut livré à lui-même et tourna sur parole ; là, les chaudrons purent bouillir ou se refroidir à leur propre discrétion ; on ne leur en demanda point compte. Un intérêt seul avait susperu tous les intérêts, et chacun était dans le feu de sa discussion sur cette révoltante tyrannie, quand le cortége nuptial s’émut au loin et se mit en marche vers le lieu du rassemblement.

Alors, la foule enfiévrée et curieuse se poussa violemment, oubliant la moitié de sa tendre pitié dans l’étonnement et l’admiration de la longue file des équipages éclatants sous le soleil et remplis de personnages si richement vêtus, d’une tenue si droite et si majestueuse, qu’ils semblaient tous des reines et des rois. Et les impériales surchargées de serviteurs ornés de longs rubans blancs qui flottaient comme des plumes légères autour de leurs chapeaux galonnés d’argent. Oh ! c’était merveilleux pour des yeux de village ! c’était à croire que tous les lords et les ladys de l’Angleterre s’étaient donné rendez-vous pour assister à ces noces que l’on venait de nommer maudites, et que l’on ne trouvait plus que magnifiques et royales ! » Jamais parvis d’église ne vit onduler dans son atmosphère tant de dépouillés d’autruches et de