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UNE FEMME

couronna sa douleur ! sans compter ses beaux cheveux blonds épars, arrachés dans une frénétique agonie, et ses belles mains tordues et mutilées l’une par l’autre dans les convulsions du désespoir. Quant aux larmes et aux sanglots, il y en avait trop pour qu’il fut question de les nombrer ni de les dépeindre. C’était à fendre les rochers, c’était à faire crouler les deux églises indignées : ces églises dont les colonnes attestaient tant d’amour. Les deux paroisses se soulevèrent donc en même temps pour jeter de hautes et puissantes clameurs, chacune dans sa sympathie pour la belle Anna, dans son indignation contre le père, dans sa haine contre l’affreux marquis, dans son entrainement vers l’amant aimable et préféré, que l’on devait trouver mort (on l’assurait) le lendemain au pied de l’autel. Chaque habitant de la vallée déploya dans cette occasion l’énergie de la passion personnelle et de son propre tempérament. Le moral entier du village atteignit bientôt le plus haut point de surexcitation ; et quand le soleil se leva pour cette solennité, on ne savait encore si l’on devait se parer de guirlandes menteuses, ou s’armer en signe d’émeute, ou prendre des habits de deuil. Par un contraste qui me permit d’assister à toute cette agitation, la matinée fut remarquablement belle, et le cimetière de Sainte-Marie Deepdales foulé par tous les êtres vivants des deux paroisses, 1 I