Page:Desbordes-Valmore - Le Salon de Lady Betty, tome 2, 1836.pdf/320

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
312
LE BAISER DU ROI.

ce premier succès avait puissamment exalté les ambitieuses visions de son père. Il n’était pas d’ailleurs fort déraisonnable de supposer que le jeune homme qui avait commencé son règne en se couronnant lui-même, dont l’énergique volonté venait d’abattre les forces réunies du Danemarck, de la Saxe et de la Russie, se soumît jamais à consulter timidement l’étiquette des cours pour le choix d’une compagne ; qui pouvait dès-lors empêcher que dans sa riche et belle héritière, le comte Piper ne s’accoutumât doucement à voir la future reine de Suède ?

Tout suivait donc son cours naturel sur la fragile humanité : l’admiration à demi révélée du jeune roi pour ses charmes ne manqua pas de produire une impression vive sur un tendre orgueil de femme : elle savait qu’elle était belle, mais l’assentiment d’un roi est d’une valeur merveilleuse de-