Page:Desbordes-Valmore - Le Salon de Lady Betty, tome 2, 1836.pdf/316

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
308
LE BAISER DU ROI.

Le jeune soldat se rembrunit ; marcha vivement à travers la chambre, s’arrêtant à chaque tour pour contempler ce doux tyran qui le tenait si insoucieusement dans ses chaînes. Christine essayait de se maintenir grave ; mais deux fossettes mignonnes qui donnaient tant de charme à sa bouche étaient près de reparaître sur la plus légère provocation à ce rire du cœur qui le faisait battre avec tant d’égalité. Celui d’Adolphe ne palpitait pas sur ce mode riant ; c’était un amant tout entier, dont l’imagination jalouse et pénétrante ne considérait plus Christine que comme un trésor gardé par deux monstres propres à tuer toutes les espérances : l’ambition et l’avarice.

Tandis qu’ignorante des desseins de son père, confiante dans l’amour de son bien-aimé parent, la fille candide d’un vieux courtisan ne voyait pas un nuage sur l’ave-