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et vacillantes, tout prouvait que la jeune fille ne s’était pas couchée. Elle avait passé la nuit à relire les lettres de Williams, à gémir de son départ, à se désespérer de son silence.

La tête plongée dans ses deux mains, immobile, anéantie, on aurait cru miss Molly privée de tout sentiment, sans les soupirs douloureux qui, par intervalles, venaient soulever sa poitrine.

Le dernier tintement de l’horloge la tira de cette sorte de léthargie que l’excès d’affliction provoque chez les êtres faibles. Comme si le choc du marteau métallique eût fait vibrer tout-à-coup une espérance dans son âme, la jeune miss se leva brusquement ; ses joues s’étaient animées d’une teinte fiévreuse ; ses yeux brillaient de cet éclat terne et mat indice d’une résolution soudaine et violente.